Fragment of Waterhouse imgrum 1

Javlon Umarbekov, Fragments of Waterhouse, imgrum

Province de l’enfance

Province de l’enfance, du balcon romantique je t’ouvre comme un éventail. Comme autrefois, abandonné de par les rues, j’examine les rues abandonnées. Petite ville que j’ai forgée à coups de rêves, tu resurgis de ton existence immobile. Longues et lentes enjambées au bord de la mousse, foulant des terres et des herbes, passion de l’enfance, tu revis à chaque fois. Cœur, mon cœur, blotti sous ce ciel fraîchement peint, toi seul était capable de lancer les pierres qui font fuir la nuit. C’est ainsi que tu t’es fait, pétri de solitude, blessé par les angoisses, en marchant, en marchant à travers des villages désolés. À quoi bon parler d’ancienneté, à quoi bon revêtir un linge d’oubli ? Pablo Neruda

Vague à l’âme  anna grisabella nuzzo Terra E Cielo 2018 Artmajeur2

Et c’est à force de me taire
que je me parle à n’en finir.
Et c’est à force d’en pâtir
que je m’en gausse la première.

A quoi me sert de n’être poire ?
A quoi me sert froide raison ?
Je jette un caillou dans la mare
et je vois s’agrandir les ronds.

Ce qui se défait se refait…
et tout se meurt… et tout renaît…
et tout recommence à jamais…
Me voilà parlant sans arrêt !…

Mais c’est à force de parler
que je me tais à n’en finir.
Et c’est à force d’en pâtir
que tantôt je m’en gausserai.

A quoi me sert de n’être poire ?
A quoi me sert froide raison ?
Je me jette un caillou dans la mare
et je vois s’agrandir les ronds.

Esther Granek, Je cours après mon ombre, 1981

Toile Anna Grisabella Nuzzo, Terra E Cielo, 2018, Artmajeur